Peu familière des univers dub et trip-hop, c’est avec précaution que je me lance dans cette nouvelle chronique sur Metalik. Cet album est issu du projet Elastik initié par Thomas Pringent, un parisien qui a réunit autour de lui des artistes et des poètes de la scène dub française.
Le concept : nous plonger au summum (voilà un bel oxymore bien involontaire) de la noirceur qui caractérise ce genre musical. Le fil conducteur : le K qu’on retrouve dans le nom de tous les morceaux : MagnétiK, MecaniK, CliniK… Petite parenthèse, il est intéressant de noter que le genre (par exemple, OhGr, Massive Attack ou Ezekiel pour citer les rares groupes que je connais) affectionne particulièrement les titres qui tiennent en un mot. Parce qu’il s’évertue à mettre en avant une atmosphère plutôt qu’un message ? Parce que cela facilite leur mémorisation ? Le débat sur ce sujet de premier ordre est lancé, faîtes péter les com’s.
Magnetik, le premier titre, nous propulse directement dans l’univers suintant de l’Industriel. Sur un gros beat, résonnent multiples grincements et bruits métalliques qui évoquent des hurlements. Une voix d’outre-tombe égrène une litanie en anglais qu’on se doit de prendre au sérieux, scotchés qu’on est par tant d’effets sonores angoissants.
Même sanction pour Mecanik où une voix lointaine nous assène sa prose dépressive et absurde (cette fois, pas d’indulgence, c’est du français) sur une rythmique lancinante que viennent alléger des ruptures au clavier.
Sur Clinik, la lourde rythmique fait place à quelques notes épurées de clavier qui sonnent comme une boîte à musique. C’est au tour d’une jeune femme d’y raconter d’une voix apaisante son séjour dans le coma. Au fil du récit, on croit distinguer le bruit des gouttes de sa perfusion dans ces notes faussement inoffensives.
A ce stade, où l’air commence à me manquer sérieusement, arrive Amnesik, le morceau qui m’avait séduite dès la première écoute et qui me fait oublier le reste. Une belle voix teintée de soul chante (enfin) dans un contraste intéressant avec la musique industrielle.
Dès lors, l’album prend temporairement une tournure plus mélodique avec Kronik et Atmospherik, très belle instru, sombre mais subtile.
Puis la jeune femme revient, pleine de colère sur Panik et Trafik sur lesquels je ne me suis pas attardée, leur préférant Koma qui clôture l’album. S’y entrecroisent riffs brouillés et notes claires d’un piano avec une belle intensité.
Pour conclure, j’espère ne pas avoir été trop cyniK. Metalik est très conceptuel et par conséquent difficile d’accès, notamment pour les réticents à la poésie torturée. La combinaison de textes aussi abscons avec une musique intellectualisée par essence aboutit à un résultat assez indigeste. Dommage pour la qualité de la plupart des compositions.
Label : Sounds Around Records – Sortie 2009
http://www.youtube.com/watch?v=YUOt1YHK3HM
Une réponse sur « Elastik – Metalik »
[…] les connaisseurs apprécieront puisqu’on retrouve trois titres tirés des albums précédents Metalik (2009) et Critk (2011). Sans les voix monotones, on redécouvre des subtilités de la musique. […]