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Interview Jil is Lucky – Paris – Avril 2009

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J’ai rendez-vous avec Jil, chanteur de Jil is Lucky ce jeudi dans les locaux d’Ephelide, son agence de promotion. C’est avec sa guitare greffée sur lui qu’il répond tranquillement à mes questions !

En route !

-La première chose qu’on se demande en vous voyant est : que signifie cette pochette d’album ?

C’est une idée que j’ai eu, un point de vue, un regard sur les phénomènes qui se passent en ce moment. J’ai noté un regain du religieux bizarrement à l’ère de la modernité la plus totale. Regain du communautarisme, du fondamentalisme. J’ai voulu mettre l’accent sur le côté absurde de la religion, des conflits religieux. Pour moi le guerrier absurde et surréaliste par exellence de ma génération c’était le Bioman, super-héros en lycra. Donc j’ai mélangé les deux, je les ai travesti pour les détourner.

-Et pourquoi tu n’es pas en Bioman ? Je pensais au Bioman bouddhiste !

Non, je suis au milieu de ce monde là en fait. Je suis pieds et poings liés à cette dialectique là, j’essaie de trouver une certaine légèreté et de dégager un peu de poésie.

-Et par rapport à cette pochette, est ce qu’il y a eut des réactions négatives ?

On a déjà une fatwa en Iran, on s’est fait agressé par des rabbins dans la rue, le pape lui-même a envoyé un mail d’insultes ! Non, c’est assez calme en fait !

-Votre myspace en témoigne, vous avez beaucoup d’influences ; comment est venu ce mélange avec des chansons qui sonnent américain ou anglais, le tout agrémenté de rythmes plus folkloriques ? Comment vous avez réussi à mélanger tout ça ?

Sans me poser de questions, je l’ai fait naturellement en fait. C’est juste le mélange spontané de ma culture musicale et de ma culture ancestrale. Moi mes racines elles sont en Afrique, en Europe de  l’est, en Afrique du nord. Ma culture musicale est outre-Atlantique, Etats-Unis, Angleterre, 60’s, 70’s… Le mélange des deux plus des voyages, etc…

-Et peut-être l’influence aussi des quatre autres musiciens ?

Oui, les musiciens participent activement aux arrangements, et qui viennent d’horizons différents et qui ont apporté leurs touches, leurs pattes.

-Ils sont d’origine étrangère les musiciens ?

Oui.

-Ils viennent d’où ?

Mon violoncelliste vient de Prague, mon guitariste est berlinois, mon frère de Sidi Bel Abbes en Algérie, le rabbin, « Black Rabbi » vient de Harlem, il est basé à New-York.

-Je me suis penchée un peu sur les textes, concernant « I may be late » (je serai peut-être en retard, ndlr), est-ce que c’est une chanson autobiographique ?

Oui ! (un sourire !)

-Et toutes en général ?

Oui, c’est autobiographique, je m’inspire de petites histoires de la vie qu’on peut toujours extrapoler. Parce que nos faits et gestes qui s’inscrivent dans l’histoire en général ou que ce soit de petites choses restent profondément humains donc ça se ressent en fait. C’est à dire que nos actions les plus minimes sont comparables au sens de l’histoire en général. C’est les petites choses de la vie qui font l’histoire avec une grand H et le société dans laquelle on vit.

-C’est ce qu’on ressent : constat, tranches de vie, préoccupations quotidiennes même, alors comment vous arrivez à rendre tout ça poétique ? Je pense à « Without you », « the wanderer » et « supernovas » par exemple.

C’est une vision que j’ai de l’art en général. C’est de faire de sa vie quelque chose d’artistique. Une œuvre d’art c’est le vrai je pense pour tout artiste, c’est arriver à le dégager des disques, des musées surtout, de tout ce qui est figer. Avoir un beau tableau avec un rayon de soleil, avoir une belle scène de film, de beaux dialogues alors qu’on est juste en train de parler avec des gens, de faire une rencontre. C’est la musique dans la rue, c’est chanter en se baladant. La poésie elle vient de là, elle vient du mouvement, du quotidien. C’est arrivé à prendre du recul se déplacer dans l’espace, dans le temps, voyager intérieurement. Jamais rester statique, surtout pas.

-Pour en revenir à la rue, je suis tombée sur une vidéo du concert sauvage des Wampas, vous aviez fait le contre concert sauvage. Est-ce que c’est quelque chose que vous aviez souvent fait avant d’être un peu plus connu ?

On le fait toujours. On prend nos instruments et puis on va jouer dans la rue. C’est cool ! Le but pour nous c’est de recréer du mouvement, c’est à dire jouer dans le rue, puis emmener les gens ailleurs, et qu’il y ait d’autres gens qui se ramènent ! Et après les emmener dans un endroit surprise, ça c’est notre truc !

-Et le contre concert des Wampas avait bien fonctionné ? C’était pas prévu pour le coup !

Non, non, on a filmé. L’émission se conclue sur nous en plus, on avait rien demandé !

-Pourquoi le choix de la langue anglaise ?

C’est de la pop. Il n’y a pas de pop en français, ni de folk en français. A partir de là, quand on aime cette musique là, on fait ça dans les règles de l’art !

-Et c’est pour vous exporter éventuellement ?

Non c’est pour faire la musique que j’aime. C’est vrai j’ai jamais entendu de pop en français ni de folk songs en français, c’est autre chose, ça n’existe pas encore. Je fais naturellement la musique que j’aime.

-L’humour et l’ironie sont assez présent dans cet album, est-ce que c’est un trait commun à tous les musiciens du groupe ?

On arrive tous à prendre beaucoup de recul et beaucoup de distance par rapport à ça. Ce qui n’est pas toujours bien vu dans le rock indé. Dans le rock indé, il faut se faire chier,  faut tirer la gueule et se prendre au sérieux. Nous on rigole, on déconne, on fait du rock indé mais bon, on ne se prend pas au sérieux.

-Rien que la pochette, c’est le gros pavé dans la mare !

C’est clair, nous on est arrivé, on a foutu les pieds dans le plat ! On a tendance à s’emmerder que se soit en écoutant des disques ou en regardant les pochettes, on a voulu sortir un peu du marasme.

-Vous terminez l’album sur un final assez saturé et sombre, qui prend à contre-pied tout l’humour et la poésie ambiants. Pourquoi ce choix ?

Parce que l’album au final est assez chaotique et pour nous finir dans le chaos c’était extrêmement important, c’est vraiment la symbolique générale en fait du disque et de notre point de vue sur les choses en train de se passer. On voulait terminer ce disque avec un chaos annonciateur de quelque chose.

-Le clip qui illustre « The wanderer » est très beau dans la réalisation et très drôle aussi, peut-tu en dire un peu plus sur la collaboration avec ce réalisateur ? Pourquoi à la fin, il y en a un qui tombe de son cheval ? Le kitsch aussi !

Ah oui c’est complètement kitsch ! C’est une sorte de western spaghetti avec des Bioman religieux qui se font des câlins, qui habitent dans un ranch ensemble, avec leurs petits agneaux… Moi je les rejoins, le leur amène leurs poneys parce qu’ils leur manquait ça ! C’est une sorte de petit lingot, une matière première, la touche finale de vernis, et on part tous ensemble se faire une course de poneys dans les grandes étendues enneigées… Et il y en a un qui se casse la gueule ! C’est magnifique !

-Et pour la réalisation ?

C’est Benoît Toulemonde.

-Vous l’avez rencontré comment ?

C’es mon label qui le m’a présenté. On s’est bien entendu. Nos idées ont convergés et il y a eut cette synergie là qui s’est passée. Comme avec Dans tes Cheveux qui ont fait la pochette, c’est la même chose, il s’est passé le truc ! Ca a fonctionné entre nous. C’est vrai que j’aime gardé la main-mise sur l’artistique du début à la fin en fait.

L’entretien se conclut sur ces paroles, Jil prend gentiment la pose pour une petite photo, encore quelques échanges de paroles, où on le sent très motivé par la suite des évènements, notamment une grosse tournée qui se prépare, à suivre donc !

Myspace de Jil is Lucky

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