Hier soir, Sophie Hunger et ses musiciens ont investi la Cigale, offrant à un public déjà acquis une interprétation émouvante de l’album 1983 ainsi que la reprise d’autres titres incontournables de la Suissesse. Après une première partie fort bien assurée par le Canadien Mark Berube, un jeune artiste très prometteur qui a charmé l’audience aussi bien derrière son piano qu’a capella, la chanteuse entre en scène sous les acclamations d’un public d’admirateurs.
Devant une Cigale pleine, Sophie Hunger est d’abord émue ; et ce n’est qu’après les deux premiers titres que, mise à l’aise par une audience conquise, elle prendra toute sa place et montrera l’ampleur de son talent, interprétant avec les tripes ces titres qui, on le sent, lui tiennent véritablement à cœur. Ainsi en live se rend-on véritablement compte de la sincérité de l’artiste. Quand elle chante « Your personal religion » ou « 1983« , Sophie Hunger semble nous crier une révolte profonde et intime. Sur des morceaux moins rocks et plus émouvants, comme la magnifique « Walzer für niemand« , même si elle présente le morceau avec beaucoup d’humour et de modestie, la chanteuse nous fend le cœur et, au bord des larmes, ne se fait pas la simple interprète de son morceau, quasi transfigurée par ses propres mots. Aussi émue que son public, Sophie Hunger et ses musiciens se sont hier montrés sous leur jour le plus humain : presque impressionnés au début, complices ensuite, modestes tout au long du concert malgré un talent qui crève les yeux et d’une reconnaissance sans bornes pour le public en fin de soirée.
Accompagnée par cinq musiciens exceptionnels et multi-talents (guitare acoustique, guitare électrique, basse, piano, flûte traversière, batterie, glockenspiel, chœurs et … silences !) avec qui elle semble entretenir une vraie complicité, Sophie Hunger donne donc toute sa place à l’instrumental, alternant elle-même les morceaux à la guitare et ceux au piano. Une importance confirmée par un impressionnant solo de batterie, les chœurs et marmonnements masculins ou encore les deux glockenspiel utilisés pendant le concert. Alors, quand elle présente ses complices au milieu du concert, le public les acclame à leur tour, eux qui ont participé pour beaucoup à la réussite de ce spectacle.
Attendrissante quand elle entame timidement le premier titre, amusante quand elle plaisante sur les problèmes techniques de sa guitare ou la gestation d’une de ses chansons, touchante quand elle cherche ses mots en français mais surtout profondément émouvante quand elle chante, Sophie Hunger a transporté son public pendant presque deux heures d’un spectacle intense et généreux. Après une excellente prestation, elle et ses musiciens cèdent effectivement facilement aux injonctions du public, et font durer son rappel cinq chansons. Puis, retournés en coulisses, ils reviennent sans mal pour un deuxième rappel, terminant le concert par un moment riche en émotions. Assis au bord de la scène, Sophie Hunger et ses musiciens interprètent un ultime titre, sans micros, à quelques centimètres seulement d’un public bouche bée et fasciné par ces derniers instants.